Écrans :
Attention
Danger !
Une conférence organisée avec l’association Le-Partage : https://le-partage.org/ et le soutien de la ville d’Amilly
Crédit photo : https://www.pexels.com/fr-fr/@harrisonhaines/
Écrans : Attention danger ! c’est le titre de la conférence que j’ai animée le samedi 6 mai 2023 dans la salle des Terres blanches, dans ma ville, Amilly.
C’est après avoir assisté à une conférence traitant du sujet quelques mois plus tôt, une conférence qui m’avait laissé sur ma faim il faut bien le dire, que j’ai imaginé préparer “ma” conférence sur le phénomène des écrans, avec un désir ardent de participer à ce travail de prévention qui consiste à expliquer aux parents le danger réel que représente la surexposition des écrans pour leurs enfants.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Avec les membres de l’association Le-Partage à laquelle j’appartiens également, nous avons organisé cet événement dans une des salles polyvalentes de la ville.
Je vous invite à lire ici un petit résumé et, si vous le souhaitez, vous pourrez retrouver en fin d’article un lien vers la captation de la vidéo et vers un PDF qui reprend le texte intégral de la conférence avec quelques sources.
Un constat édifiant
En travaillant sur ce dossier, j’ai pu confirmer ce que je savais déjà. La surexposition des écrans est bel et bien un problème sérieux pour les tout-petits. Placés devant des écrans de plus en plus tôt, la précieuse période de la petite enfance (0-6 ans) qui sert à façonner le cerveau du bébé se voit phagocytée par les écrans et leur surabondance délétère de stimulations visuelles et auditives.
La plupart des parents ne savent pas qu’ils nuisent gravement à leur progéniture en faisant ce geste en apparence anodin qui consiste à prêter son téléphone ou sa tablette à un petit.
Pensant lui permettre de se développer plus rapidement et plus efficacement grâce à des application “faussement” pédagogiques, ils confient en réalité leur enfant à une nounou électronique qui drogue littéralement le tout-petit, qui se retrouve hypnotisé, hagard, devant cet écran qui le bombarde d’informations qui ne veulent rien dire pour lui mais qui surstimulent son attention archaïque involontaire.
Tout le temps passé devant cet écran va limiter la production de nouvelles connexions dans le cerveau, ce qui va engendrer des retards d’apprentissages, dans des domaines aussi variés que le langage, la motricité, plus tard la socialisation et le contrôle de l’agressivité.
Dès les premiers mois de sa vie, le jeune enfant subit de plein fouet une technoférence permanente (voir références en fin d’article). Ce mot valise vient des deux mots Interférence et Technologie et désigne toutes les interruptions dans les interactions entre deux êtres humains par le biais des outils technologiques. Il suffit de regarder des familles et des couples au restaurant, qui ne se parlent pas et qui sont plongés dans leur téléphone, ou encore, des enfants qui sont assis côte à côte et qui au lieu d’échanger et de partager, sont rivés sur leurs écrans, pour comprendre aisément ce que ce mot veut dire.
Bébé a besoin de ses parents
Durant son plus jeune âge, le bébé a besoin de vivre des expériences réelles et des interactions humaines. Ce n’est que lors de ces processus que les connexions neuronales se forment et constituent les apprentissages primordiaux nécessaires à l’épanouissement correct du bébé. Le cerveau humain est prévu pour répondre à des stimulus humains. Mots prononcés, dans un cadre et un contexte réel, regards, expériences et manipulations réelles, dans un monde en trois dimensions sont les seules vraies choses dont le tout petit a besoin. Le petit n’a pas besoin d’apps ni de tablette, il a besoin de contacts humains avec ses parents et ses pairs. L’expérience du psychologue Edward Tronick, connue sous le nom de “Still Face Experiment” montre très bien la réaction à la fois rapide et vive d’un bébé soudainement privé de ces repères humains. C’est actuellement le quotidien de milliers d’enfants qui ne trouvent plus le regard de leurs parents, verrouillé sur leurs smartphones.
Une alerte importante
En 2017, les docteurs Anne-Lise Ducanda et Isabelle Terrasse ont fait une vidéo amateur sur Youtube. Elles sont médecin en PMI (Protection Maternelle et Infantile). Dans la vidéo, Anne-Lise Ducanda raconte son quotidien. Elle constate une recrudescence d’enfants “à problèmes”, pas du tout prêts pour rentrer à l’école. Des enfants qui montrent des retards de développement, des retards de motricité, et le plus souvent des enfants qui présentent tous les signes de troubles liés à la sphère autistique. Ces enfants entrent alors dans un parcours compliqué dans le monde du handicap, nécessitant AVS et traitement médicamenteux. Mais le diagnostic clinique de ces deux praticiens évolue alors qu’elles insèrent dans leur questionnaire la notion de temps d’exposition aux écrans. Et le verdict tombe. Presque tous les enfants concernés sont victimes d’une surexposition aux écrans. Le contenu des ordonnances change alors. Premier soin à prodiguer : coupure immédiate et complète des écrans pour les enfants concernés. Et les résultats ne se font pas attendre. Après quelques semaines, quelques mois pour les enfants les plus accros, les symptômes disparaissent et les enfants reprennent un développement normal.
Pas d’autisme pour ces enfants, mais une surexposition délétère aux écrans.
Le problème commence à être pris au sérieux
Même si le CSA le dit depuis plus de 15 ans (dès 2008 cet organisme insistait sur le fait que “Tous les programmes télévisuels, quels qu’ils soient, ne sont pas adaptés aux enfants de moins de 3 ans”), peu de réglementations sérieuses ont été mises en place. Sans doute la faute aux puissants lobbies qui n’ont pas intérêt à voir naître des contraintes trop importantes.
À noter tout de même le rapport sur les 1000 premiers jours édité par le gouvernement, le document du Haut Conseil de la Famille de l’Enfance et de l’Âge ainsi que la proposition de Loi qui vient de passer en première lecture à l’Assemblée Nationale.
D’autres sources en fin d’article.
Les impacts réels sur le cerveau
Par ailleurs, de nombreuses études commencent à démontrer que l’usage abusif des écrans a un effet réel et mesurable sur le cerveau des enfants. Sources à lire en fin d’article.
Le problème des réseaux sociaux
Il y a énormément de choses à dire sur les réseaux sociaux et dans ce domaine également, je suis allé de surprise en surprise. D’abord, l’effet néfaste majeur des réseaux sociaux dès que l’usage en devient anormal. Les spécialistes s’accordent à dire que plus d’une heure par jour commence à poser problème. Mais les chiffres qui sont mentionnés quant à l’usage des réseaux sociaux sont tout simplement exorbitants. Nos ados (et certains adultes) sont collés à leurs écrans 5, 6, et même 8 heures par jour, autant de temps perdu dans des activités tout aussi futiles qu’inutiles. Mais s’il s’agissait “seulement” de temps perdu, on pourrait juste trouver ça dommage et passer à autre chose.
Mais le problème est beaucoup plus profond s’agissant des réseaux sociaux. Anxiété, trouble du comportement, isolation, dépression, suicide… Derrière cette brochette de mots alarmistes, se cache une bien triste vérité. Nos ados se plongent dans un univers fantasmé dont ils ne ressentent que tristesse et frustration. Confronté en permanence à la vie tout aussi factice qu’incroyable des autres membres du réseau, de plus en plus d’ados, dirigés à cette période de leur développement cérébral plus par les émotions que par la raison, s’exposent à des risques majeurs de dépressions et d’anxiété.
Le cerveau d’un adolescelent est coupé en deux. La partie émotionnelle, pleinement fonctionnelle, et la partie qui gère justement les émotions, les choix raisonnés et critiques, qui quant à elle ne sera mature que vers 25 ans. Il est aisé de comprendre alors pourquoi nos ados réagissent de manière aussi peu “raisonnable”, puisque la raison est éclipsée par les émotions, beaucoup plus fortes et puissantes à ce stade de leur évolution.
Il est important de vérifier et de surveiller l’usage des réseaux sociaux chez les jeunes et de prendre garde à un usage qui deviendrait problématique, compulsif et exclusif.
Une addiction programmée
Quand on parle de réseaux sociaux, un terme revient souvent : tous accros.
Et c’est vrai que cette addiction touche énormément de personnes. Mais sont-elles toutes les uniques responsables de leur addiction ? Pas du tout ! En réalité, l’addiction provoquée par les réseaux sociaux n’est pas un effet secondaire involontaire. Elle est non seulement souhaitée par les réseaux sociaux, mais aussi et surtout savamment mise en place en usant de tous nos biais et faiblesses biologiques. Les personnes qui conçoivent les réseaux sociaux savent tout du fonctionnement d’une zone particulière de notre cerveau : le circuit de la récompense. Sollicité à outrance, ce circuit nous offre régulièrement notre petite décharge de Dopamine (l’hormone du plaisir) et nous rend un peu plus addict chaque jour. Les méthodes sont simples : provoquer une envie toujours croissante, toujours plus immédiate et rapide. Les concepteurs d’apps misent sur les précieux conseils de B.J. Fogg, le Directeur du “Persuasive Technology Lab” de la prestigieuse université de Stanford. Son bouquin se nomme : “Persuasive Technology: Using Computers to Change What We Think and Do”. Tout est dans le titre … (En bon français : Technologie persuasive : Utiliser les ordinateurs pour changer ce que nous pensons et faisons).
Des enfants protégés
Tous les enfants ne sont pas placés à la même enseigne. En effet, une des choses les plus étonnantes dans la préparation de cette conférence a été de (re)découvrir que les patrons de la high-tech tiennent leur enfants éloignés des écrans dont ils savent les effets néfastes.
Quelques exemples :
Sean Parker, Ancien Président de Facebook disait en novembre 2017 : « Le processus de réflexion qui a conduit à la création de ces applications était de savoir : Comment pouvons-nous consommer autant de votre temps et de votre attention consciente que possible ? puis il a ajouté : « Dieu seul sait ce que ça fait au cerveau de nos enfants »
Chamath Palihapitiya, Vice-Président chargé de la croissance de l’audience chez Facebook, déclaraiten 2017 lors d’une conférence à Standford, « Je peux contrôler ce que font mes enfants, et ils ne sont pas autorisés à utiliser cette merde ! »
Bill Gates n’a pas donné de téléphone à ses enfants avant l’âge de 15 ans…
Steve Jobs interdit l’iPad à ses enfants, il ne sont pas autorisés à posséder cet appareil qu’il a lui-même conçu… Steve Jobs disait « Nous limitons la quantité de technologies que nos enfants utilisent à la maison… ».
Luc Julia, un français, le Papa de SIRI, confie que dans la Silicon Valley, tous les enfants des patrons de la High Tech n’ont pas accès aux réseaux ni aux écrans, et qu’ils vont dans des écoles spécialisées sans ordinateur !
Si les parents de la Silicon Valley sont si prudents c’est pour de bonnes raisons. Ce n’est pas pour rien que les cadres et ingénieurs de la Silicon Valley inscrivent leurs enfants dans des écoles Waldorf sans technologie
Petite conclusion
Tout ça pour dire que l’usage excessif des écrans n’est pas qu’un simple effet de mode.
On ne parle pas ici des écrans et des nouvelles technologies qu’il n’est absolument pas question de remettre en cause ni de diaboliser. Ce serait stupide.
Tout le monde sait à quel point ces outils ont bouleversé nos vies et ont considérablement participé à son amélioration dans tous les domaines (sciences, travail, éducation, etc.).
De la même façon qu’il est inadapté de penser que l’on va pouvoir interdire du jour au lendemain à nos ados de se plonger dans les réseaux sociaux. Tout aussi stupide.
On parle bien ici des MAUVAIS USAGES. Les écrans sont des outils et les applications telles que les réseaux sociaux, les jeux vidéos, etc. devraient rester à cette même place.
Mais si l’on n’y prend pas garde, notre téléphone pourrait bien nous faire passer du rang de maître à celui d’esclave, et il est clair que pour nombre d’entre nous c’est déjà le cas. Manipulés sans le savoir, ou en pleine conscience mais là c’est un autre problème.
Si vous voulez en savoir plus, je vous invite à regarder la captation de la conférence ci-dessous. Vous pouvez également retrouver la transcription intégrale de la conférence avec les sources ici au format HTML lisible directement dans votre navigateur ou le fichier PDF juste au dessous de la vidéo.
Références :
The Still Face Experiment :
L’appel de Anne-Lise Ducanda :
`https://www.youtube.com/watch?v=9-eIdSE57Jw&t=507s&ab_channel=DocteurDucandaetDrTerrassePMI
Campagne d’information du CSA :
Proposition de loi relative à la prévention de l’exposition excessive des enfants aux écrans :
https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/textes/l16b0909_texte-adopte-commission.pdf
Quand les enfants vont mal, comment les aider ? Haut Conseil de la Famille, de l’Enfance et de l’Âge :
https://www.hcfea.fr/IMG/pdf/hcfea_sme_synthesecourte_13032023.pdf
Les 1000 premiers jours, là où tout commence :
https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/rapport-1000-premiers-jours.pdf
L’enfant, l’adolescent, la famille et les écrans Appel à une vigilance raisonnée sur les technologies numériques :
https://www.academie-sciences.fr/pdf/rapport/appel_090419.pdf
Droits numériques des mineurs : la CNIL publie les résultats du sondage et de la consultation publique :
Parents, enfants, et numérique (étude de l’UNAF) :
https://www.unaf.fr/ressources/etude-exclusive-parents-enfants-numerique/
Quand le parent utilise son téléphone il n’est plus disponible pour son enfant
Quels risques pour les échanges Parents-Enfants ?
La «technoférence» perturbe le développement des bébés
La technoférence parentale : quand les écrans font écran à la relation
https://www.parentalite-positive.com/index.php?t1=page&t2=article&id_article=60
La technoférence: Quand la techno interfère dans nos relations
Technoférence : quand les écrans impactent les interactions parents-enfants :
Certains parents privilégient leur smartphone à leurs enfants !
https://www.phonandroid.com/parents-preferent-smartphone-leurs-enfants.html
Des chercheurs américains précisent les dégâts causés par les écrans sur le cerveau des enfants :
Neurosciences : l’impact des écrans sur le cerveau :
C’est bourré d’enseignements pour les parents, les enfants, les ados et les grand-parents. Vous ne perdrez pas 1 h en regardant cette vidéo, vous gagnez en intelligence pour vous et votre entourage. Chapeau le conférencier.
Merci Luc pour ce commentaire élogieux ! N’hésitez pas à faire passer le message, c’est un sujet important ! 😉